Les métamorphoses du monde

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Les métamorphoses du monde

Sociologie de la mondialisation


Ce livre a d'abord le mérite de poser rigoureusement la question de savoir ce qu'est vraiment la fameuse " mondialisation " dans ses diverses dimensions, économiques, politiques, sociales et culturelles. On discerne ainsi mieux dans quelle mesure raisonner en termes de mondialisation peut être productif ou parfois détourner des vraies questions.Le XXe siècle a engendré une formidable accélération de la production marchande en la multipliant par presque cinq sur ses cinquante dernières années et d’un tiers entre les seules années 1980 et 1990. Il a aussi favorisé une extension constante des échanges entre nations. Le commerce international, qui représentait, en 1995, 15 % du volume de la production mondiale, a été accru par vingt depuis la seconde guerre mondiale. La planète sur laquelle nous vivons semble donc n’avoir jamais été aussi riche : elle n’a, en réalité, jamais été aussi inégale. On compte, en effet, aujourd’hui 1,2 milliards de personnes pauvres disposant de moins de 1 dollar par jour et 2,8 milliards (plus de 45 % de la population mondiale) en ayant moins de 2. Alors que 1,3 milliards d’êtres humains sont privés d’eau potable, les fortunes des deux cents personnes les plus riches du globe dépassent les revenus cumulés de 41 % de la population mondiale . Quelle est aujourd’hui la différence entre la Tanzanie et la société Goldman Sachs ? L’un est un pays africain qui gagne 2,2 milliards de dollars par an et les partage entre ses 25 millions d’habitants. L’autre est une banque d’investissements qui gagne 2,6 milliards de dollars et en distribue l’essentiel à 161 personnes .

Encore ne pointe-t-on là que des inégalités aisément objectivables. D’autres inégalités croissantes (ou persistantes) ne doivent pas être ignorées : celles entre hommes et femmes, à tous les âges de la vie et dans toutes les dimensions sociales (notamment, professionnelles et politiques) ; celles, également, entre héritiers et « plébéiens » pour l’accès aux positions dominantes. Tout compte fait, la véritable caractéristique de notre époque (et ce qui la rend proprement dramatique), c’est que l’on semble avoir renoncé à faire de la lutte contre les inégalités le moteur du développement. En d’autres termes, l’appellation mondiale n’a, sans doute, jamais été aussi usurpée, puisque ce qui la caractérise ne concerne qu’une minorité de personnes intégrées et solvables en excluant, tacitement, la masse des exclus. Partout pourtant la mondialisation est célébrée et les lois du marché sont supposées « sans alternative », devant s’étendre sans limites, au risque de faire le bien des peuples contre eux-mêmes.

Dès lors, quelle peut être la responsabilité des sciences sociales face à des vérités économiques présentées comme incontournables ?

L’originalité de cet ouvrage est de proposer une discussion critique de la notion de mondialisation et de fournir une interprétation scientifique du phénomène.

Notre réflexion porte simultanément sur le plan sociétal et sur celui des sciences sociales.

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