Dans votre ouvrage L’Archipel humain. Vivre la rencontre interculturelle, qui vient de paraître aux Editions Charles Léopold Mayer, vous mobilisez la notion d’écart culturel, chère à François Jullien ? Pourquoi ?
En appeler à la notion d’écart culturel, c’est d’abord appréhender le monde qui nous entoure comme composé d’une infinité de différences et faire le constat, comme le fait aussi Philippe Descola « qu’aucun des êtres, des choses, des situations, des états, des qualités, des processus qui s’offrent à notre curiosité n’est absolument semblable aux autres »1. La notion d’écart culturel consacre, en premier lieu, cette insondable pluralité qui fait notre condition humaine.
Alain Badiou a su aussi souligner cette force de l’imprévisible, cette puissance discrète de l’écart. Il confie que Stéphane Mallarmé lui a appris que la puissance de l'art est suspendue à la notion d'événement : penser et formaliser ce qui arrive en tant qu'il arrive et pas en tant qu'il est 2. En musique, Joseph Haydn lui a enseigné qu'on pouvait créer des effets extraordinaires avec de très petits éléments, des cellules musicales restreintes et presque banales. Cela l’a habitué à chercher l'extraordinaire dans l'ordinaire. En peinture, le Tintoret lui a montré comment un peintre pouvait saisir dans la monumentalité la plus affirmée le passage de quelque chose, en l'occurrence de l'esprit...
La notion d’écart culturel invite autant à souligner cette multiplicité dans la culture décrite par Alain Badiou que la culture en tant que multiplicité 3. Admettre cette multiplicité, cet en tant que, c’est aller au-delà des apparences, des identités de papier, du premier regard, de la confirmation fiévreuse des stéréotypes… c’est, comme l’écrit François Jullien, « commencer par désassimiler, verbe éthique et logique à la fois. C’est-à-dire sortir de la tendance primaire, précipitée, à tout réduire à du semblable et de l’homogène pour mieux l’intégrer »4.
Désassimiler ! Vous pointez, depuis longtemps, ces enjeux nécessaires propres à une culture du doute, de la suspension de jugement et de la distanciation du regard dans vos travaux sur l’éducation, le développement et la solidarité internationale. Dans vos recherches aussi sur la mobilité des populations expatriées ou migrantes. Toujours l’écart ? Non la différence.
En effet, toujours l'écart et non la différence. La notion d’écart culturel nous aide également à mieux comprendre cette mise en mobilité généralisée de nos contemporains, selon l’expression de Alain Bourdin 5, quand de plus en plus d’entre nous quittons notre terroir natal pour aller vivre et vieillir dans une autre région. C’est chercher à révéler les multi-connections entre tous les êtres, les trames intimes car « il y a autant de modes de relation qu’il y a de différences insaisissables d’existence »6, dès lors que l’humain se met en mouvement.
Et pour saisir ces processus de multi-appartenance liés aux mobilités qui font nos temps présents, la notion d’écart est alors indissociable de celle d’interaction. Car « aucun phénomène n’est significatif pris isolément et il ne devient pertinent que s’il est situé dans un réseau d’oppositions distinctives à l’intérieur d’un groupe de transformation »7. Recourir à cette notion d’écart revient à accepter l’idée qu’aucune identité culturelle n’existe en soi, comme une essence. On ne peut ranger les identités culturelles comme des collections de papillons que l’on épingle. L’identité culturelle n’est pas une permanence mais une capacité de variation 8. En multiplicité.
Il y a plus de quatre-cent cinquante ans, Pierre Charron, l’exprimait très bien :
« L’homme est un sujet merveilleusement divers et ondoyant, sur lequel est très malaisé d’y asseoir jugement assuré, jugement dis-je, universel et entier ; à cause de la grande contrariété et dissonance des pièces de notre vie. La plupart de nos actions ne sont que saillies et bouttées, poussées par quelque occasion : ce ne sont que pièces rapportées »9 .
Vous invitez chacune et chacun à vivre la rencontre interculturelle ?
L’écart, et non l’opposé, est la fissure d’un autre possible. Et cet autre possible est le produit d’une rencontre 10. Plusieurs chemins sont possibles quand on envisage cette rencontre et la propension à la nouveauté qu’elle recèle : se libérer du trop connu, se scinder en plusieurs, s’extraire d’un groupe d’appartenance devenu étouffant, cultiver la figure du « jamais content »…
« On n’existe qu’autant qu’on peut rencontrer » écrit François Jullien. « Si je ne rencontre plus, ma vie s’étiole. Ou disons que ma vie ne s’intensifie que de ce que je rencontre encore (...). L’art de la rencontre, ou la survie de celle-ci, sera donc de maintenir l’écart, ou plutôt de l’ouvrir indéfiniment, au sein de la plus intime proximité » 11.
La rencontre se présente d’emblée comme événementielle, et même comme l’événement par excellence. Une rencontre n’est en effet possible qu’au prix de ce paradoxe : « il faut que l’Autre soit enfin si près, entrant en présence, mais que se maintienne en même temps son altérité 12.
La rencontre se place même sous le signe de la catastrophe. Catastrophe, ici, n’a rien du sens ordinaire de l’adjectif « catastrophique », mais est à entendre comme un processus de transformation des représentations que l’individu cherchera à mettre perpétuellement en forme au travers d’un acte de narration propre à son existence. Catastrophe est à associer à bouleversement, supplément et à une révélation du sens. Nous pointons, dans notre livre, un effort double de « saisie de soi » et d’apprentissage de rôles sociaux chez l’individu comme l’illustrent, par exemple, ces marchands marocains ou chinois qui savent ponctuellement accentuer leur ethnicité et mettre en valeur certains traits symboliques manifestes de leur identité supposé connue (jeu autour du patronyme, emblèmes claniques, pièces d’habillement, accents langagiers, pratiques cultuelles ou religieuses, rituels alimentaires, clins d’œil appuyés…) pour orienter le sens de l’interaction humaine. Ces éléments résultent d’une première « saisie de soi » et fonctionnent comme autant d’informations connotées face à des clients venus de loin. Dans ce qui arrive (l'accident), l’individu sélectionne l'événement (la naissance du sens) « dans une hiérarchie stratifiée de structures signifiantes » 13.
Ce fil complexe que nous nommons bricolage identitaire, faute de mieux, et à la suite des écrits de Melville Herskovits, Roger Bastide ou Claude Lévi-Strauss, nous conduit à reconnaître, comme le fait Michel Foucault, que « là où l’âme prétend s’unifier, là où le Moi s’invente une identité ou une cohérence, le généalogiste part à la recherche du commencement – des commencements innombrables [...]. Suivre la filière complexe de la provenance, [...] c’est découvrir qu’à la racine de ce que nous connaissons et de ce que nous sommes, il n’y a point la vérité et l’être, mais l’extériorité de l’accident » 14.
Quand nous voyons un individu renforcer son accent pour gagner en légitimité dans une conversation, quand il arbore un bijou, un badge ou une pièce de vêtement pour être davantage reconnu et se faire accepter plus vite, quand nous constatons ces situations de manipulation situationnelle de l’ethnicité, il convient toujours de rappeler que ces manipulations mettent en jeu des régimes de signes très différents : textuels, iconiques, médiatiques, corporels... Dans notre ouvrage, nous pointons des « chaînons sémiotiques », sortes de « tubercules agglomérant des actes très divers, linguistiques, mais aussi perceptifs, mimiques, gestuels, cogitatifs ». Et recourons à la figure du rhizome pour en saisir les reliefs.
François Jullien montre bien que ce qui fait le propre de la rencontre est, d’une part, que chacun garde un « soi », d’où résultent le choc et la mise en tension : il n’y a pas là fusion, le soi ne s’abolit pas ; mais, d’autre part, que ce soi s’y trouve démuni, ou du moins ébréché dans sa clôture, dépossédé de ce qui le maintient et le conforte en un « soi ». « La rencontre est cette structure contradictoire, en effet, par là si problématique, proprement limite, mais du même coup si féconde, qui fait à la fois l’un et l’autre : maintient l’écart (de l’altérité) en même temps qu’elle met en présence, en portant au « plus près », d’où se dégage sa puissance, qu’on ne peut contenir, d’effraction » 15.
François Jullien va même plus loin : « la rencontre est d’autant plus effective, qu’il y a, en et par elle, remise en question, en travail, aux deux sens à la fois de production et de souffrance, de ce qui fait l’appartenance du sujet se repliant en un soi. En quoi la rencontre est éthique, et même au principe de l’éthique » 16.
« Nous sommes portés d’emblée à « assimiler », ou rendre semblable à soi, tout ce qui nous semble extérieur ou étranger. Or, c’est en fissurant la similitude que nous accédons vraiment à l’autre » écrit François Jullien 17. Cette notion d’écart nous invite donc à nous éloigner de certaines de nos habitudes occidentales ?
Certainement.
A quoi est due la suprématie de la pensée du sens en Europe, se demande François Jullien ? Cette hégémonie d’un sens, non seulement sélectif, mais devenant exclusif, n’a-t-elle pas tant pesé sur nos vies ? N’a-t-elle pas tant pesé comme une fatalité 18 ?
« Pourquoi faudrait-il que ma vie soit sujette à « sens », à un « sens » ? Pourquoi ne pas reconnaître l’éparpillement et le non appareillé ? » se demande François Jullien 19.
Dans notre tradition occidentale, « l’autre est l’opposé du même » 20. François Jullien propose d’envisager l’autre comme l’inconnu et non plus le contraire. L’autre ne se déduit pas mais se découvre et constitue ce qui échappe à la volonté d’assimilation, c’est -à-dire de transformer l’autre en chose et la chose c’est moi ! L’autre est ce qui est extérieur à soi et non le négatif du même. Il donne cet exemple du paysage en Chine :
« Ou si l’on oublie que « paysage » se dit en chinois, non en un terme unitaire et par composition-dérivation (comme dans toutes les langues européennes : « pays »-« paysage », Land-Landschaft, land-landscape…) ; mais par un binôme (de termes opposés complémentaires : « montagne(s)-eau(x) », shan-shui 山水), donc par corrélation du Haut et du Bas – ou de ce qui est immobile (la montagne) et de ce qui est mobile (l’eau) ; ou de ce qui a forme (la montagne) et de ce qui est sans forme (l’eau) ; ou de ce qu’on voit (la montagne) et de ce qu’on entend (l’eau)… –, on sera passé à côté, sans même sans douter, sans plus s’en préoccuper, d’une tout autre conception possible du paysage ; ou plutôt, plus radicalement, d’une toute autre façon de l’aborder » 21.
François Jullien montre bien, qu’en Occident, « l’unité des opposés est leur foncière vérité » car l’opposé ne confronte pas à du non-connu. Il amène à perpétuer le semblable et à ramener dans les filets du déjà-connu. Il se range sagement en face de nous pour que l’on continue de se poser en s’opposant. Pour continuer la guerre froide des termes en présence.
Les campagnes politiques, et leurs cortèges de débats offerts à la télévision, illustrent ces moments de frontalité organisée, cette danse rituelle du complémentaire ou du contraire… déjà-connus à l’avance. Chacun s’aligne en trouvant sa place sur les barreaux d’une seule échelle, d’un seul champ de valeurs inversées. Chacun campe son rôle et l’opposé se réduit à un miroir adverse déformant. L’enjeu de ceux qui organisent ces débats semble de mettre sous contrôle, de contenir dans la perspective du même, mais en relation inversée. « L’« autre » peut être certes virulent, démonstratif, emporté, il en a perdu sa capacité à désarçonner. Il est « accouplé » à l’adversaire. Il est son pendant » remarque François Jullien 22. Régis Debray fait aussi ce constat d’une pensée atrophiée propre aux temps courts médiatiques : « donner aux candidats à une élection présidentielle, alignés comme volaille en batterie sous les projecteurs, une minute trente pour exposer leur conception de la France et du monde constitue un abaissement proche de l’attentat à la sûreté de l’esprit européen. Que ce speed dating, précédé de sketchs moqueurs pour en faire des grotesques, puisse être accepté sans broncher par les politiques en dit long sur le point de décivilisation (ou normalisation) auquel est parvenu notre forum acclimaté, ou plutôt aliéné. Quand le temps manque, le ton monte et le niveau baisse » 23.
« Dans l’opposition » remarque François Jullien, « l’altérité n’a plus de vocation exploratoire, elle n’est plus que contradictoire : l’un et l’autre termes y ont perdu leur étrangeté. La pensée ne s’aventure plus » 24.
« L’écart », condition de la rencontre, « détache du donné une nouvelle possibilité : il fait quitter le connu pour l’inconnu, délaisser le sentier battu au point qu’on ne peut plus se repérer » souligne François Jullien.
Défendre l’interculturalité, consiste, dès lors, selon nous, à vouloir multiplier les embranchements. « Tandis que la différence, en s’approfondissant en opposition, a rangé l’autre, a replié son altérité, l’écart, dérangeant comme il est, fait surgir un autre qu’on n’envisageait pas, et même dont on ne se doutait pas qu’il pourrait exister » 26.
Avec cette figure de l’écart, de l’autre doit se détacher du familier. Une visée interculturelle consiste à remettre en tension une pensée par la présence d’un étranger, à reconstituer des logiques occultées, à déranger cette pensée vers une dissidence d’avec le sens commun, à vouloir (vouloir) faire émerger de l’autre, à se demander en quoi les adversaires sont aussi partenaires au moment même où ils acceptent de laisser entrer de l’écart dans leur dialogue. L’interculturel est-il résolution d’une tension contradictoire ? Il est plus que cela. Il est « rencontre de l’humain dans l’autre homme, accéder au soi et à l’intime » 27.
Dans votre ouvrage, vous insistez sur la patience, la nuance et la longueur du temps dans la construction de la confiance. Or, cela semble en contradiction avec ce que chacun ressent en ces temps numériques et mondialisés ?
Paul Morand écrivait que “ la vitesse tue la couleur ; le gyroscope, quand il tourne vite, fait du gris ” 28. Rencontrer l’autre en sa différence, c’est accepter de se laisser changer par l'autre, ce que ne promeut pas forcément, en effet, ce nouveau monde « connexioniste » des portables, d’internet et du temps court.
Un temps présent où de plus de personnes nous disent, notamment dans le champ du travail, qu’elles ont de moins en moins de temps pour agir utilement et de plus en plus d’autres personnes à qui expliquer ce qu’elles font sans pouvoir réellement le faire. Leur espace temporel se contracte tandis que leur espace social se dilate, amplifiant un sentiment d’absence de direction et d’instabilité.
Le monde contemporain est comme mis en mode « avance rapide », à l’instar de ces appareils électroniques à cassette de notre enfance et ces temps de transport qui sont souvent colonisés par le travail plutôt que pour les loisirs ou la relaxation. Hartmut Rosa parle de l’accélération des flux physiques ou informationnels comme expérience majeure du siècle et, pour nous en convaincre, souligne qu’un homme occidental d’une quarantaine d’années a déjà vécu trois fois la vie de son grand-père s’il a vécu trois amours, quatre déménagements et cinq emplois tenus. Et le sociologue allemand de parler de ce qu’il appelle une identité « situative », c’est-à-dire fondée sur la répétition des sollicitations de l’attention, comme ce joueur électronique bombardé de projectiles qu’il est censé gober, en flux tendu, « juste à temps » 29.
Pour qu’il y ait rencontre entre des sujets porteurs et créateurs de cultures, il faut qu’il y ait eu expérience inachevée du rapprochement, mémoire et même « endurcissement » par l’apprentissage. Une expérience d’autrui qui nécessite de se faire dans la durée.
Or, une large partie de nos échanges est comme virtualisée pour des individus « désencastrés » de leurs contextes locaux et devenus comme des « voisins déspatialisés » 30. On peut être ami avec quelqu’un que l’on n’a jamais rencontré physiquement et lui parler plusieurs fois par jour, partager avec lui un rapport singulier à l’intime. De plus en plus, les outils portables peuvent détecter, à quelques mètres près, l’endroit où vous vous trouvez sur un continent, dans un quartier ou dans une pièce. Tim Cresswell 31 relève l’existence « d’élites cinétiques » qui profitent de ces technologies de mise en correspondance. Les actes et sentiments d’appartenance de ces personnes mobiles résonnent toujours dans des champs sociaux autres que ceux que l’on a sous les yeux et ces individus semblent expérimenter leurs identités culturelles moins comme un fait de nature que comme un problème à résoudre quotidiennement, une architecture à construire pour exister. La valeur même d’un acte pour ces personnes mobiles n’a de prix qu’à l’aune de ce que cet acte produit dans un réseau de relations et d’autres actes en devenir, bien au-delà du seul champ national. Toujours en lien avec plusieurs autres groupes culturels, les actes quotidiens ont un centre mais pas de limites ; ils sont transductifs tant que leur causalité sociale et culturelle est comme « externalisée ».
La rencontre interculturelle invite à se réinventer.
« Est-ce que je suis condamné de plus en plus à me répéter (et donc à laisser ma vie s’étioler) ou bien suis-je capable de reprise et, par-là, d’extraire ma vie de sa torpeur, de me « tenir hors » de sa sempiternelle reconduction et de commencer véritablement d’ex-ister ? » 32.
« Tandis que la répétition, se repliant sur elle-même, ne donne, en effet, plus rien à découvrir, à espérer, la reprise dit l’espoir valide qui, à partir de ce dont j’ai déjà fait l’expérience dans ma vie passée, en même temps qu’en m’en dégageant, permet de porter plus loin ma vie » 33.
On trouve aussi chez Claude Lévi-Strauss une réflexion puissante sur la notion d’écart.
Tout à fait et elle nous inspire.
Devant les “ pieuses paroles ” de certains fonctionnaires d’institutions internationales, Claude Lévi-Strauss s’interrogeait sur ce que signifie prétendre “ concilier la fidélité à soi et l’ouverture aux autres ” et prôner en même temps “ l’affirmation créatrice de chaque identité et le rapprochement entre toutes les cultures ”, puisque ces ambitions sont antinomiques ? 34. Faut-il exprimer, comme Claude Lévi-Strauss, le souci d’un certain cloisonnement des cultures au motif que la richesse de l'humanité réside dans la multiplicité de ses modes d'existence ? Alors la mutuelle hostilité des cultures serait non seulement normale mais nécessaire. Elle constituerait « le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement » 35. Face aux méfaits de la mondialisation, si une collaboration trop durable entre des hommes différents risque à terme de les appauvrir sans les contenter, ce qu’il conviendrait de conserver dans l'histoire, ce n'est pas la ressemblance mais la diversité des cultures (ce que, sur un plan international, Claude Lévi-Strauss nomme la « coalition des cultures ») 36. « La véritable contribution des cultures ne consiste pas dans la liste de leurs inventions particulières, mais dans l’écart différentiel qu’elles offrent entre elles (...) Il n'y a pas, il ne peut y avoir une civilisation mondiale au sens absolu que l'on donne souvent à ce terme, puisque la civilisation implique la coexistence de cultures offrant entre elles le maximum de diversité, et consiste même en cette coexistence. La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l'échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité » 37.
1 : Philippe Descola, L'écologie des autres, Quae.
2 : Alain Badiou, Alain Badiou par Alain Badiou, Presses Universitaires de France, 2021.
3 : Edouardo Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales, Presses Universitaires de France. « La multiplicité ne doit pas désigner une combinaison de multiple et d'un, mais au contraire une organisation propre au multiple en tant que tel, qui n'a nullement besoin de l'unité pour former un système » écrit Gilles Deleuze (Différence et répétition, P.U.F., 1968, p. 236).
4 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, p. 12.
5 : Alain Bourdin, “L'individualisme à l'heure de la mobilité généralisée”, in Sylvain Allemand, François Ascher et Jacques Lévy, Les sens du mouvement. Modernité et mobilités dans les sociétés urbaines contemporaines, Editions Belin, 2004, pp. 91- 98.
6 : Aliocha Wald Lasowski, Edouard Glissant. Déchiffrer le monde, Bayard Culture, p. 136.
7 : Philippe Descola, L'écologie des autres, Quae.
8 : Aliocha Wald Lasowski, Edouard Glissant. Déchiffrer le monde, Bayard Culture, p. 91.
9 : Pierre Charron, De la sagesse, Fayard, 1986, cité par Gabrielle Halpern, Tous centaures ! Éloge de l'hybridation, p. 51.
10 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, p. 10.
11 : François Jullien, Altérités. De l'altérité personnelle à l'altérité culturelle, Editions Gallimard, p. 205.
12 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, p. 199.
13 : Clifford Geertz, « La description épaisse. Vers une théorie interprétative de la culture », Enquête, n° 6, 1998, p. 76.
14 : Michel Foucault, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire », Lectures de Nietzsche, Le livre de poche, 2000 cité par E. Gardella, « Du jeu à la convention. Le self comme interprétation chez Goffman », Tracés, 4, 2003.
15 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 178.
16 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, pp. 176-177.
17 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 167.
18 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 92.
19 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 91.
20 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 168.
21 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, pp. 102-103.
22 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 50.
23 : Régis Debray, Civilisation. Comment nous sommes devenus américains, Editions Gallimard, p. 121.
24 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, pp. 50-51.
25 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 107.
26 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 105.
27 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 180.
28 : Paul Morand cité par Pascal Bruckner, Le vertige de Babel, Arléa, 2000, p. 21.
29 : Hartmut Rosa, Accélération, La Découverte, 2010.
30 : Antony Giddens, The Consequences of Modernity, Stanford University Press, 1990.
31 : Tim Cresswell, On the move : Mobility in the Modern Western World, Routledge, 2006.
32 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 116.
33 : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 117.
34 : Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné, Plon, 1983, p. 16.
35 : Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné, Plon, 1983, p. 17.
36 : Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire, Folio, Réédition 1987, p.77.
37 : Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire, Folio, Réedition 1987, p. 77.