N
os travaux visent à fournir une discussion critique de la notion de mondialisation ainsi qu’une interprétation sociologique du phénomène.
La mondialisation que nous vivons aujourd’hui est bien réelle, mais elle n’est ni nouvelle, ni achevée, ni « naturelle ». Tous les individus ne sont pas, loin de là, les acteurs d’une hypothétique société mondiale. La mondialisation produit plus de diversité que d’homogénéité. Elle n’est pas non plus automatique, voire nécessaire, irréversible ou finalisée. C’est une construction contingente, dont il faut déconstruire les éléments et les processus, pour retrouver les acteurs collectifs qui concourent à la produire.Nos recherches visent à répondre à plusieurs séries d’interrogations qui s’articulent autour de quatre dimensions en interaction :
- L’histoire de la notion de mondialisation et son statut (caractéristiques, apports et limites, distinction entre phénomène et outil d’analyse). Dans quelle mesure le terme de mondialisation désigne un phénomène social identifiable ou constitue une sorte de pré-notion des temps modernes, n’épargnant pas la sphère académique ? ;
- La sphère du travail et de l’emploi (place du travail dans les sociétés contemporaines, rôle des Etats et des grandes entreprises, diversité des modèles productifs, effets des NTIC) ;
- La sphère de la culture et des identités (une culture mondiale est-elle en gestation ? Un imaginaire « globalitaire » remplace-t-il l’idéal démocratique en crise ? Quelles identités peuvent porter les hypothétiques citoyens trans-frontières ?) ;
- Les formes de la domination et du contrôle (une nouvelle élite se détache-t-elle à l’échelle planétaire, comment en identifier les membres, les caractéristiques et les stratégies ?).
Chacune de ces dimensions comporte l’analyse des formes de la controverse à la mondialisation. Quels sont les contre-pouvoirs, comment émergent-ils ? Quelles logiques d’action défendent-ils ?
La mondialisation, phénomène unique ?
La mondialisation nous apparaît comme un « fait social total », c'est-à-dire comme une série de transformations qui concernent toutes les dimensions de la vie sociale : les relations économiques, professionnelles, juridiques, culturelles, politiques et aussi géopolitiques, et donc aussi justiciables de concepts forgés par la sociologie depuis le siècle dernier dont il convient de discuter l’actualité.
Nos recherches nous amènent à déconstruire certains mythes liés à la mondialisation :
- Le mythe de l’individu nomade dans le cyberspace, relié en temps réel à la planète toute entière, assimilée à un « village global », qui ignore le poids des cultures et de l’histoire, méconnaît les hiérarchies d’accès aux outils d’information tels qu’Internet, vision qui suscite le même engouement euphorique que jadis l’invention du télégraphe ;
- Le mythe d’une économie essentiellement structurée par des « firmes globales » qui se partageraient la richesse sur toute la planète, alors que la plupart de ces firmes restent ancrées à des intérêts nationaux, même si leur poids économique est devenu impressionnant ;
- Le mythe, de la fin du travail salarié, suite à l’interconnexion de tous les marchés du travail, provoquant la généralisation du chômage au niveau de la planète, et réduisant presque tout le monde à l’exclusion ou à la précarité ;
- Le mythe de la fin de l’Etat nation, voire du politique, face à l’emprise des entreprises multinationales et des marchés financiers, supposés leur ôter tout moyen de régulation.
- Le mythe de l’individu nomade dans le cyberspace, relié en temps réel à la planète toute entière, assimilée à un « village global », qui ignore le poids des cultures et de l’histoire, méconnaît les hiérarchies d’accès aux outils d’information tels qu’Internet, vision qui suscite le même engouement euphorique que jadis l’invention du télégraphe ;
- Le mythe d’une économie essentiellement structurée par des « firmes globales » qui se partageraient la richesse sur toute la planète, alors que la plupart de ces firmes restent ancrées à des intérêts nationaux, même si leur poids économique est devenu impressionnant ;
- Le mythe, de la fin du travail salarié, suite à l’interconnexion de tous les marchés du travail, provoquant la généralisation du chômage au niveau de la planète, et réduisant presque tout le monde à l’exclusion ou à la précarité ;
- Le mythe de la fin de l’Etat nation, voire du politique, face à l’emprise des entreprises multinationales et des marchés financiers, supposés leur ôter tout moyen de régulation.
Certes, les Etats-nations doivent composer avec des acteurs transnationaux divers, mais ils restent le principe le plus approprié de socialisation et de régulation politique, et sujet de droit dans les relations internationales. L’émergence du « post-national » repose, en ce sens, encore largement, sur la volonté d’acteurs étatiques qui ne sont disposés à renoncer à des prérogatives nationales que dans la mesure où la constitution d’unions régionales, par exemple, leur offre des garanties supérieures.
La mondialisation n’est pas un grand Acteur, mais une série de choix et de conséquences cumulatives de choix d’acteurs, qui vont concourir à restreindre, pour certaines catégories, le champ des opportunités et ainsi exercer des effets de domination. Il n’y a donc ni contrainte en surplomb, ni pure coïncidence de choix d’acteurs, mais des phénomènes qui révèlent, éventuellement, des jeux d’alliances sur la scène internationale.
Dans la mondialisation, le mimétisme culturel n’implique pas un nécessaire partage des valeurs. Cette dissociation croissante entre mouvements de revendication d’une identité et forces d’intégration qui concourent à renouveler le capitalisme, questionne le sens même d’un espace possible de la moralité publique et de la démocratie.
Ce site vise aussi à fournir une discussion critique de la notion de mondialisation ainsi qu’une interprétation sociologique du phénomène sans céder à une sorte de prisme “entreprisiste” qui nous conduirait à croire que l'entreprise est la forme matricielle, unique, de l'action productive. La mondialisation, c’est le processus qui fait advenir la constitution d’un marché mondial. Et aussi la croyance que nous discutons que ce mouvement est bénéfique dans le registre de la logique productive comme dans celui de l’émancipation des peuples.
Ce site vise aussi à fournir une discussion critique de la notion de mondialisation ainsi qu’une interprétation sociologique du phénomène sans céder à une sorte de prisme “entreprisiste” qui nous conduirait à croire que l'entreprise est la forme matricielle, unique, de l'action productive. La mondialisation, c’est le processus qui fait advenir la constitution d’un marché mondial. Et aussi la croyance que nous discutons que ce mouvement est bénéfique dans le registre de la logique productive comme dans celui de l’émancipation des peuples.
Ouvrages de Philippe Pierre sur ce champ de recherche :
- Sous la direction de Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, La mondialisation. Regards sociologiques, Cahiers du Laboratoire de Sociologie du Changement des Institutions (CNRS), Décembre 2000.
- Geneviève DAHAN-SELTZER et Philippe PIERRE, Coordination du numéro 5 de Sociologies Pratiques, « Mondialisation : les cultures en question », APSE / PUF / Sciences Po Paris, Décembre 2001.
- Dominique MARTIN, Jean Luc METZGER et Philippe PIERRE, Les métamorphoses du monde. Sociologie de la mondialisation, Editions du Seuil, 2003. Traduction en ukrainien, KM Akademia, 2005. Découvrez l'introduction de l'ouvrage. Voir la première puis la seconde recension des Métamorphoses du Monde, Sociologie de la mondialisation (Martin, Metzger, Pierre), dans Alternatives économiques. Et dans la revue Sciences humaines.
Contributions à ouvrages sur ce champ de recherche :
- Philippe PIERRE, « Entre globalisation des marchés et particularismes des identités : la fin des territoires », in Sous la direction de Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, La mondialisation. Regards sociologiques, Cahiers du LSCI (CNRS), Décembre 2000.
- Philippe PIERRE (avec Jean Luc METZGER), « La mondialisation est aussi une question sociologique ! », in Sous la direction de Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, La mondialisation. Regards sociologiques, Cahiers du LSCI (CNRS), Décembre 2000.
- Philippe PIERRE (avec Jean Luc METZGER), « Pour une analyse sociologique des phénomènes transnationaux », in Sous la direction de Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, La mondialisation. Regards sociologiques, Cahiers du LSCI (CNRS), Décembre 2000.
Publications dans des revues à Comités de lecture sur ce champ de recherche :
- Philippe PIERRE, « L’idée de culture mondiale à l’épreuve des enracinements communautaires et culturels », Aspects Sociologiques, Université Laval Québec, volume 9, numéro 1, Septembre 2002.
- Philippe PIERRE, « Mondialisation, force des cultures et nouvelles segmentations identitaires », Espaces-temps, Mai 2002.
- Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, « En quoi le concept d’élite peut aider à analyser le processus de mondialisation ? », Recherches Sociologiques, Université de Louvain, Volume XXXIV, numéro 1, 2003.
- Philippe PIERRE, « Le mouvement perpétuel. Dimension imaginaire de la mondialisation », Passerelles, numéro 26, Printemps-Eté 2003.
- Philippe PIERRE, « Comment sortir d’un « imaginaire globalitaire ? » », Sciences de l’homme et sociétés / Cultures en mouvement, numéro 69, juillet/août 2004.
- Dominique MARTIN, Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, « Globalization, american domination and « new globalitarian » myth », Contrepoint philosophique, Septembre 2004.
- Dominique MARTIN, Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, « The sociology of globalization : theoretical and methodological reflections », International Sociology, 21/4, Juillet 2006.
- Dominique MARTIN, Jean-Luc METZGER et Philippe PIERRE, « La mondialisation, le travail et ses mythes », Cahiers de Sociologie économique et culturelle, n° 41-42, 2006.
Ressources sur le thème de la sociologie de la mondialisation :
Dans cette vidéo, Gilles Ardinat nous aide à comprendre la mondialisation… par l'histoire et la géographie.
Pour lui, l'idée de se mondialiser renvoie à cette dynamique du devenir "mondial". Au contraire, l'expression "démondialiser" est utilisée pour réinscrire les processus dans des frontières et se méfier des fétichismes. Un exemple, pour ses tenants : l'Union européenne devrait rompre avec le dogme de la "concurrence libre et non faussée" parce qu'il aboutit à la destruction non seulement des services publics mais aussi des emplois industriels.
Pour Jacques Sapir, la "démondialisation, ce serait le grand retour du politique sur le « technique », de la décision sur l’automaticité des normes" car "le chaos produit par la mondialisation n’est pas seulement un effet, c’est aussi une forme de gouvernance, mais une gouvernance nécessairement élitaire et violente" (Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008).
Pour lui, l'idée de se mondialiser renvoie à cette dynamique du devenir "mondial". Au contraire, l'expression "démondialiser" est utilisée pour réinscrire les processus dans des frontières et se méfier des fétichismes. Un exemple, pour ses tenants : l'Union européenne devrait rompre avec le dogme de la "concurrence libre et non faussée" parce qu'il aboutit à la destruction non seulement des services publics mais aussi des emplois industriels.
Pour Jacques Sapir, la "démondialisation, ce serait le grand retour du politique sur le « technique », de la décision sur l’automaticité des normes" car "le chaos produit par la mondialisation n’est pas seulement un effet, c’est aussi une forme de gouvernance, mais une gouvernance nécessairement élitaire et violente" (Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008).
Dans cette vidéo, Pascal Lamy, donne son point de vue sur la mondialisation et s'interroge sur cette France qui doit "s'éveiller". Il souligne, notamment, une spécificité française qui consiste à attribuer aux autres les causes de son mal-être et à conférer, au final, à l'Etat, le devoir de protection.
Plutôt que de cerner les politiques de domination menées avec constance par les Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale, "la perversion", relate Pascal Lamy, "consiste à rendre tout le monde responsable des difficultés grandissantes, plutôt que s'en prendre à soi-même et tenter de se réformer".
Plutôt que de cerner les politiques de domination menées avec constance par les Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale, "la perversion", relate Pascal Lamy, "consiste à rendre tout le monde responsable des difficultés grandissantes, plutôt que s'en prendre à soi-même et tenter de se réformer".